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D éclaration préalable





                  Longtemps notre organisation syndicale était la seule sur ce terrain, nous ne pouvons
                  que nous satisfaire d’y être rejoint par le syndicat majoritaire des commissaires de police.
                  Le sens de l’histoire n’est en effet pas à la « militarité » mais bien à la « civilisation » des
                  forces de sécurité intérieure.

                  Alors que l’État est durablement contraint sur le plan budgétaire, il est paradoxal qu’il
                  laisse se développer des doublons dans des structures de direction, de commandement,
                  de soutien mais aussi opérationnelles, et désormais missionnelles. Tout cela impose une
                  réflexion sur un modèle renouvelé, unifié, en un mot plus efficace, moins coûteux, plus
                  moderne, et qui pourrait, par ailleurs, répondre aux attentes légitimes des personnels de
                  chacune de ces deux institutions.
                  La gendarmerie cherche depuis longtemps à sortir des campagnes pour s’implanter dans
                  les zones urbaines, au profit de ses militaires et de leurs familles, alors que la Police
                  nationale est surchargée et souvent exsangue dans ces territoires, notamment les plus
                  denses et sensibles.

                  Des généraux n’ont pas caché récemment leur volonté de « récupérer » les villes de
                  50 000 habitants, si possible les moins criminogènes…

                  On rappellera que notre « maison » traite plus de 80 % de la délinquance nationale, ainsi
                  que la grande majorité des manifestations et services d’ordre qui y sont associés.
                  La coexistence, parfois complexe, de deux forces pour une même mission, est coûteuse
                  pour le contribuable, qui n’a aucune idée de l’étendue des doublons, alors qu’il peut légi-
                  timement se plaindre d’une offre de sécurité parfois insatisfaisante dans certains terri-
                  toires.
                  Les différences de traitement sont génératrices de tensions. Comment accepter que la gen-
                  darmerie ait la capacité de contester des projets internes à la police, comme le galonnage
                  des commandants divisionnaires de police pourtant attendus depuis plus de trois ans, ou
                  encore ceux des commissaires généraux comme l’a révélé « Le Canard Enchaîné », la semaine
                  dernière, alors que toute incursion de la force civile serait, à n’en point douter, considérée
                  comme une intolérable ingérence ?
                  Personne n’a souvenir ici d’une telle détermination allant jusqu’à faire intervenir la ministre
                  de la Défense auprès du Président de la République, pour empêcher que les ingénieurs
                  des eaux et forêts, les lieutenants-colonels des sapeurs-pompiers, ou les inspecteurs des
                  douanes, tous de statut civil, portent les galons constitués de cinq barrettes panachées.
                  Le pire, et afin que nul ne l’ignore, les galons choisis par le ministre de l’Intérieur, qui
                  devait nous les présenter le 3 juin dernier à l’ENSP de Cannes-Écluses, étaient certes
                  composés de cinq galons mais non à l’identique des lieutenants-colonels de gendarmerie.

                  Donc, qui décide dans ce ministère ? Notre ministre ou le directeur général de la Gendar-
                  merie nationale ?

                  Après 10 années d’un rapprochement qui n’était qu’une première étape, il convient de
                  réfléchir à la suivante.

                  La « militarité » n’a d’ailleurs pas empêché des attitudes discourtoises de « l’arme » à l’en-
                  contre de la police lors de la crise des « gilets jaunes », postures propagandistes qui ont
                  écorné l’image de nos forces, et par ricochet le ministère de l’Intérieur.

                  Toutefois, il ne reste de cette « militarité » que les avantages historiques accordés aux
                  bénéficiaires, alors que paradoxalement, des « associations » éclosent pour parler de tout
                  avec sentence, parfois maladresse, sans forcément réfléchir aux conséquences de leurs
                  intempestives prises de parole.
                          Arrêtons l’hypocrisie, le droit syndical est devenu une réalité
                                              au sein de la gendarmerie.

                                                                                               juin 2019 ⁄ n° 336 ⁄ p. 5
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