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Tribune





      décembre 2019 ⁄ n°  338 ⁄ P. 18
















                                     « Les policiers aspirent

                       à retrouver la fierté de leur métier »




                       FIGAROVOX/TRIBUNE – Après l’attentat à la préfecture de police,
                       le commissaire divisionnaire Pierre-Édouard Colliex plaide pour une
                       meilleure reconnaissance du travail des forces de police.


                       Pierre-Édouard Colliex est commissaire divisionnaire
                       et médiateur interne de la police nationale.

                       Le 8 octobre dernier, dans la cour du 19 août 1944, au cœur de la préfecture de police, le
                       Président de la République rendait hommage aux policiers assassinés par un terroriste.
                       Il évoquait devant tous les policiers présents : « la glorieuse Histoire qui vous rend tous
                       si fiers d’appartenir à la préfecture de police. Si fiers ils l’étaient tous les quatre. Si fiers
                       nous le sommes d’eux aujourd’hui ».

                       C’est aujourd’hui le principal défi pour les policiers :

                       retrouver leur fierté.
                        C’est aujourd’hui le principal défi pour les policiers : retrouver leur fierté, ce sentiment
                        qu’ils devraient spontanément éprouver et dont ils sont trop souvent privés.
                        Policier depuis vingt ans, je conserve le très vif souvenir de ce frisson ressenti la pre-
                        mière fois que j’ai défilé en tenue d’honneur sur les Champs-Élysées le 14 juillet 1999.
                        Que s’est-il passé pour que, vingt ans plus tard, cette fierté ait laissé place à une prudente
                        discrétion ? Il y a quelques semaines, un zonard – ni agressif ni bienveillant, à la recherche
                        d’une cigarette ou d’un incident… – m’interpelle et m’identifie comme policier. Je me suis
                        surpris à nier. Il était tard, je voulais éviter l’incident que la confirmation de mon statut
                        aurait pu provoquer. Je regrette cette réaction.
                        Je suis triste de cette situation qui, en France, conduit des policiers à se cacher. À rece-
                        voir leurs courriers administratifs dans des enveloppes blanches. À recommander à leurs
                        enfants de ne pas révéler le métier de leurs parents de peur qu’ils se fassent insulter dans
                        la cour de récréation. À s’affirmer fonctionnaire et non pas policier.
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